dimanche 11 décembre 2016

La communauté de pratique "Usine du futur"

Résumé des épisodes précédents. Depuis janvier 2016, j'ai chroniqué la vie d'une communauté d'industriels réfléchissant sur le facteur humain dans l'usine du futur.

Le groupe de travail "Le facteur humain dans l'usine du futur" initié par la CCI Alsace est suivi de près par Jean-Philippe Bootz, responsable de la chaire "Management des connaissances" qu'il anime au sein de l'École de management de Strasbourg, une chaire dont les travaux sont financés par ÉS et EDF. Explication par le principal intéressé.

"C’est mon interlocuteur d’EDF, notre partenaire de la Chaire de management des connaissances dont je suis responsable à l'EM Strasbourg Business School, qui m’a informé que la CCI Alsace était en train de monter un projet autour du facteur humain dans l’industrie du futur, auquel il participait et pour lequel il pensait que ma présence serait un «plus». Ce sujet m’intéressait parce que dans le cadre du réseau Alsace Tech, je menais déjà à une réflexion centrée sur l’usine du futur, et que le facteur humain est un sujet au centre des préoccupations de la chaire et de mes travaux de recherche.

J’ai donc pris rendez-vous avec Mireille Hahnschutz, pilote du groupe de travail Le facteur humain dans l’industrie du futur, qu'elle a initié au titre de la Chambre de Commerce et d’Industrie, qui m’a expliqué que l’objectif était de construire un lieu d’échange et de réflexion entre industriels alsaciens pour accompagner la transformation des entreprises vers l’usine du futur. Il s’agissait ainsi de créer une dynamique de partage d’expériences et de connaissances dans une structure sociale qui ressemblait furieusement à une communauté de pratique, sujet sur lequel je travaille depuis plus de dix ans. Une problématique majeure de ce courant est «comment faire pour construire une structure sociale qui va être capable de s’auto-organiser avec le temps ?». Les communautés de pratiques sont en effet au départ des structures auto-organisées qui réunissent des praticiens de manière informelle - autour de la machine à café par exemple - pour mener des échanges de bonnes pratiques, pour résoudre collectivement des problèmes ou échanger des connaissances issues de l’activité concrète.


"Cela fait quelques années que les entreprises s’emploient à développer ces communautés de pratique en leur sein et à les piloter"


Compte tenu de leur potentiel en terme d’innovation et de créativité, cela fait quelques années que les entreprises s’emploient à développer ces communautés de pratique en leur sein et à les piloter. Mais la difficulté, dans ce cadre, est de parvenir à gérer la tension entre contrôle et auto-organisation que ces structures induisent. En particulier, nous savons très peu de choses sur la manière dont on peut concrètement créer ou animer une structure qui va petit à petit s’auto-organiser.

Ce terrain offrait une opportunité d’analyser ces phénomènes de l’intérieur. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai intégré ce groupe de travail, avec une casquette un peu particulière d’expert «communauté de pratique». Il ne s’agissait pas pour moi d’être uniquement observateur, mais bien de participer activement aux activités de la communauté.

Je dois dire que cette expérience est passionnante. La communauté est vraiment en train de se développer et de s’auto-organiser. Nous en sommes aujourd’hui à un stade où les consultants qui animaient les premières réunions ne sont plus présents et où les membres se chargent eux-mêmes de l’animation et de faire vivre les sous-groupes thématiques qui se sont développés, par exemple autour de l’entreprise libérée ou du développement des compétences. En le vivant à l’intérieur, on sent que la confiance, l’engagement mutuel, le climat de confiance, qui font le ciment des communautés auto-organisées, se développent au fil des réunions.

L’aventure va continuer jusqu’au minimum mars 2017 où l’ensemble des travaux de la communauté sera présenté. Je suis certain d’avoir d’ici-là des données extrêmement riches pour produire un ou deux articles de recherche intéressants. Mais au-delà de cette perspective, l’aventure humaine et intellectuelle constitue le véritable moteur de ma participation. C’est bien la preuve que nous sommes en présence d’une communauté de pratique."



Chroniques sur le facteur humain dans l'usine du futur : Au commencement -

En savoir plus sur Jean-Philippe Bootz 
REF : Bootz J.P., « Comment concilier auto-organisation et contrôle au sein des communautés de pratique pilotées? : une scoping review », Management International, vol 19, n°3, printemps 2015.
Bootz J.P., « L’évolution du manager : un pilote de communauté de pratique entre l’expert et l’intrapreneur », Management et avenir, n° 63, juillet-aout 2013.

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