mercredi 28 décembre 2016

TEDx 2016 (3) : chronique picturale

Chronique picturale d'un week-end pas comme les autres... commencé six mois auparavant... et qui n'est pas fini...









Retrouvez l'album très complet de Martin Charpentier sur Flickr

Retrouvez aussi la BD de cette journée, dessinée par Art-Mella

TEDx 2016 (2) : le talk

Je vous ai raconté la genèse de cette aventure. Et bien ce 19 novembre 2016 a fini par arriver. Les portes se sont ouvertes vers 14h30 et le public a pris place dans l’auditorium du Forum des Pertuis de La Rochelle.

Nous étions douze intervenants et deux artistes. Quatorze intervenants et artistes de 13 à 90 ans décidés à partager avec le public leurs expériences et leur regard sur l’éducation, la transmission et la mémoire. Les sept premiers de 15h à 17h15, puis pause, puis les sept suivants de 17h45 à 20h. Mon passage était prévu en 14ème position, vers 19h.

Pour mon talk, suivez ce clic > http://www.tedxlarochelle.com/portfolio/bernard-bloch/


Et pour le texte complet, c‘est juste après.


Le permis d’être soi-même (texte original)


Vous connaissez ce bout d’papier rose… Le ? … Le Permis de conduire ? Bien joué !!!

Et celui-là ? Le Permis d’être soi-même. Vous n’le connaissez pas encore. C’est normal, j’l’ai inventé !


Je l’ai inventé car j’ai la chance de rencontrer plein de jeunes dans ma vie. Dans ma vie associative : je suis président d’un club de foot qui compte plus d’une centaine d’enfants. Dans l’entreprise qui m’emploie et où j’accompagne des apprentis depuis 30 ans. Mais aussi dans les écoles où je donne des cours régulièrement. Je vois beaucoup de jeunes, tous différents et plein d’énergie ! Et j’adore ça !

Mais alors, y a un truc qui m’énerve, c’est quand j’les vois arriver dans l’monde de l’entreprise. Au bout de 15 jours, ils sont devenus des clones. Des clones ! Des copies conformes de ceux qui sont là depuis des 20 ans. 15 jours ! 15 jours ont suffi pour leur faire oublier qui ils sont et tout ce qu’ils ont appris. Un vrai gâchis. Et ça m’énerve.

Des jeunes j’en vois plein dans mon club de foot. Ryan, par exemple. Il a 12 ans et son entraîneur en a fait son capitaine. Sur le terrain et dans les coulisses, Ryan est le porte-parole de son équipe. Face à l’entraîneur. Face aux arbitres aussi.

Chez nous, notre arbitre officiel s’appelle Zakaria. Vous savez quel âge il a ? 15 ans ! Le mois dernier, je lui ai demandé ce que ça lui faisait d’être arbitre. Vous savez ce qu’il m’a répondu ? "C’est super. Sur le terrain, j’suis l’patron !!!" Zakaria, 15 ans. Patron d’une PME de 30 joueurs tous les week-ends.

J’adore voir tous ces jeunes épanouis qui prennent des responsabilités… Mais quand j’les vois arriver dans le monde de l’entreprise… Quel décalage !

Vous savez où est la différence entre le monde du sport et le monde de l‘entreprise ? En fait elle est là. Dans les tripes !

Dans les tripes du jeune qui veut gagner sa place et qui se bat pour y arriver. Dans les tripes de son entraîneur aussi. Qui a envie de transmettre sa passion ! Et qui s’est formé pour ça !

Malheureusement, dans l’entreprise, les tripes ont disparu. Surtout ne pas faire de bruit ! Le jeune le sait si bien qu’il arrive la boule au ventre. Et il a tellement peur de mal faire qu’il va imiter les autres… Oublier qui il est… Devenir un salarié anonyme.

Un jeune étudiant qui entre dans la vie professionnelle, en fait, c’est un jeune qui va vivre la crise d’adolescence professionnelle. Du coup, j’ai inventé le Permis d’être soi-même. Et j’ai mis au point une méthode en quatre étapes : le Permis de rêver ; le Permis de se planter ; le Permis de réussir ; le Permis de s’assumer.

La 1ère étape, c’est le Permis de rêver


C’est comme le Permis de conduire. Je me souviens très quand j’étais assis à l’arrière et que je rêvais du jour où je conduirais la voiture… Et puis un jour, vous réalisez votre rêve. Vous avez le Permis et vous conduisez tout seul, pour la première fois de votre vie…Waw…

Au boulot, le dernier étudiant en alternance que j’ai accompagné, c’était Benjamin. Lors de notre premier point-dossier, je lui ai demandé de me raconter ses rêves professionnels. Ses passions aussi. Du coup, je lui ai raconté ma vie associative. Mon parcours professionnel. Et mon rêve qui consiste justement à l’aider à devenir un professionnel épanoui.

Savoir écouter nos rêves, c’est savoir entendre le message que nos tripes envoient à notre cerveau.

Le Permis de rêver... La 2ème étape, c’est le Permis d’se planter.


Dans le sport ou dans un jeu vidéo, parfois on gagne, parfois on perd, mais ce n’est pas grave, on réessaye et on finit par réussir. A l’école et dans l’entreprise, c’est tout le contraire : l’échec est sanctionné. Zéro pointé ! … Comment voulez-vous aider un jeune à s’épanouir professionnellement si personne ne lui accorde le permis de se planter ?

Benjamin, après quelques semaines, je lui ai demandé d’écrire un article sur un événement auquel il avait participé. Le lendemain, il m’a montré son projet : le premier article de sa vie professionnelle… C’est important ça… Alors j’lui ai dit cash ce que j’en pensais. Durant l’événement, il était super heureux. Il avait participé à plein d’activités. Et là, il m’écrivait un article formaté, sans âme, sans tripes. Du coup, je lui ai demandé de le retravailler. Pendant deux jours je l’ai vu téléphoner et écrire. Et quand il me l’a remontré, j’étais scotché. Il avait interviewé les partenaires et les participants. Et il avait même écrit l’article à la première personne. Un vrai beau témoignage.

En fait, Benjamin a réussi à écrire cet article parce que j’lui ai permis de se planter ; parce que j’lui ai montré qu’il s’est planté ; et parce que j’l’ai poussé à chercher la solution au fond de lui. (je pointe mon ventre) Sa solution !

Le Permis de rêver. Le Permis d’se planter. La 3ème étape, c’est justement le Permis de réussir.


Mon apprenti, quand il a pris confiance en lui, je lui confie des dossiers en responsabilité. Mais il s’appuie encore beaucoup trop sur moi. Il n’ose pas réussir. Et ça, ça m’embête beaucoup parce qu’il n’est pas autonome. Alors, j’ai essayé de trouver une solution en regardant autour de moi.

Mon épouse est kinésithérapeute. Quand on part en vacances, elle met une annonce dans l’école de kiné et elle recrute un remplaçant. La veille de notre départ, elle lui explique le cas de chaque patient. Et puis elle lui confie les clés. Et le lendemain, nous, on est sur les pistes de ski. Et lui, il soigne les patients. En toute confiance.

Du coup, j’ai essayé un nouveau truc. J’attends le jour où mon apprenti doit organiser et animer une réunion à laquelle je participe. Et au dernier moment, la veille au soir, j‘le plante !! Je lui dis que j’ai un empêchement mais je le rassure aussitôt en lui disant qu’il a toutes les clés en main. Et j’le laisse se débrouiller. Et il se débrouillera parfaitement. Et à sa manière en plus !

Pour accorder à quelqu’un le permis de réussir, il faut l’aider à couper le cordon ombilical. C’est le meilleur moyen d’éviter d’en faire le clone de vous-même.

Le permis de rêver. Le permis de se planter. Le permis de réussir. La 4ème étape avant d’être un peu plus soi-même, c’est le Permis de s’assumer.


Qui on est ? Qui on veut être ? Qui on choisit d’être ? Et qui l’assume ? Quand j’interviens dans des classes, j’aime bien faire travailler les jeunes en sous-groupes. Et chaque fois, je rencontre le même problème. Après une minute, je les interromps et je leur demande : « Y a rien qui vous gêne ? Vous trouvez normal de vous rester entre garçons ou entre filles ? » Je leur demande alors de se mélanger. Et après deux minutes, je les interromps à nouveau : « Vous trouvez normal que dans chaque sous-groupe, c’est une fille qui prend les notes ? » En fait, je les force à analyser la situation et à prendre une décision. Peu importe laquelle, mais chacun devra assumer ce qu’il décide de faire. Ou de ne pas faire.

Votre meilleur ami, c’est celui qui vous dit vos quatre vérités. Qui vous force à vous regarder dans le miroir. Pour votre bien. Pour vous aider à grandir. Et à vous assumer pleinement. Et bien, c’est exactement ce que j’essaie de faire avec les jeunes.

Le permis de rêver. Le permis de se planter. Le permis de réussir. Le Permis de s’assumer. Quand vous avez passé ces 4 étapes, alors vous êtes mûr pour le Permis d’être soi-même.


Le Permis de conduire, on vous le donne : le Permis d’être soi-même, vous pouvez vous l’accorder tout au long de votre vie. Mais il y a un point commun : dans les deux cas, un tuteur vous accompagne : pour le Permis de conduire, un moniteur d’auto-école ; pour le Permis d’être soi-même, un moniteur d’école de la vie.

Des moniteurs d’école de la vie, on en croise parfois à différents moments de notre vie. Très peu en fait. Le premier que j’ai croisé, j’avais 9 ans. C’était mon instit’. Daniel Jurquet. Chaque lundi, il demandait aux élèves qui le souhaitaient de venir raconter leur week-end. Moi j’étais un élève moyen. Mais un jour, j’ai décidé d’y aller. Et devant toute la classe, j’ai raconté mon match de foot et mes expéditions en vélo avec mes amis. Et j’ai vu les yeux de mon instituteur qui brillaient : c’était la première fois qu’un adulte s’intéressait à ma vie ! Le lendemain, je n’étais plus le même. En fait, il m’avait accordé mon premier Permis d’être moi-même.

Aujourd’hui devant vous, je m’accorde le permis de rêver à voix haute. Nous sommes 400 personnes dans cette salle. Vous imaginez si tous ensemble on s’accordait le permis d’être nous-mêmes ? Si tous ensemble on décidait d’être des moniteurs d’école de la vie ? Pour nos gosses ! Pour nos jeunes !

Moi, j’y pense à chaque fois que j’entends le mot «Permis». «Permis !» Ce soir, nous pouvons être 400 moniteurs d’école de la vie en sortant d’ici. Et pourquoi pas ? Tout est possible. Tout est permis.

Merci.

En guise de revoir...


Je n’étais qu’un parmi d‘autres et il faut absolument que je vous les présente et que vous preniez la peine d’écouter leurs talks.

Julien Moreau > Être éco-aventurier pour créer des aventures au service de l’homme et de son environnement.

Eléa Spampani > Une aventurière au début sociale et politique qui s’est transformée en une aventure humaine et amicale, sur fond de migrants.

Zoë > Les enseignements d’un tour de monde en famille et en vélo par une jeune fille de 13 ans.

Ludovic Denoyer > Quelques principes fondamentaux de l’intelligence artificielle.

Armella Leung > Réinventer sa vie et vouloir le partager en bandes dessinées.

Claude Weill > Le message plein d’espoir d’un jeune homme de 90 ans.

Tarisayi de Cugnac : Les clés d’une éducation dans la joie.

Olivier Ryckewaert > Des recettes pour avoir des idées neuves et améliorer le service public.

Sébastien Turbot > Après avoir bien étudié la crise de l’éducation, il s’interroge : et si ?

Albert Moukheiber > Comprendre les erreurs de notre cerveau pour mieux s’en servir.

Moi > Le Permis d’être soi-même, un processus pour aider les jeunes à surpasser leur crise d'adolescence professionnelle.

Anne Georget > Les festins imaginaires, des recettes de déportés pour survivre et sauver la mémoire.

mardi 27 décembre 2016

TEDx 2016 (1) : la genèse

Je vais vous raconter une histoire qui a commencé un soir de mai à Strasbourg.

Je conduisais et Thierry était à mes côtés. Je conduisais et je lui racontais mes trucs et astuces pour aider les jeunes à grandir. Depuis quelques années, j’avais pris l’habitude d’en parler avec des amis pour leur donner des billes qu’ils pourraient reprendre à leur compte dans leurs relations avec les jeunes. Je parlais à Thierry de la manière dont je forçais les élèves et les étudiants à se mélanger pour travailler en sous-groupes mixtes et multiculturels.

Ou de la manière dont j’aidais les gens à donner du sens à leurs actions. De l’importance d’avoir une vision de ce que l’on veut, non pas atteindre, mais de ce qu’on doit faire pour se mettre dans la bonne direction avec une bonne énergie.

Ou encore de mon énervement de voir des jeunes plein de vie dans mon club de foot et des jeunes diplômés timorés à peine entrés dans le monde de l’entreprise.

Et j’avais inventé un concept pour exprimer cette difficulté rencontrée par les jeunes : la crise d’adolescence professionnelle.

Un prof de philo à qui j‘en avais parlé m’avait expliqué que j’étais un tuteur en développement. Et il m’avait incité à lire Boris Cyrulnik. J’ai lu et j’ai découvert qu’il existait trois pères : le père biologique, le père auprès duquel nous grandissons. Ces deux-là peuvent être les mêmes, sauf en cas de remariage de la mère ou d’absence du père. Enfin, le troisième père est le Tuteur en développement. Ce peut être un éducateur, un « grand-frère », Le tuteur en développement, c’est celui qui vous parle et que vous respectez, celui qui vous conseille et dont vous suivez les conseils, même en son absence. En découvrant ce concept, j’ai alors mis des mots sur mon fonctionnement, ma capacité d’écoute et d’analyse. Mais je n’ai toujours pas trouvé la manière d’avoir cet effet pour inciter l’autre à se prendre en charge.

Je parlais à Thierry et mes tripes s’exprimaient. Et à un moment, il m’a dit que c’était super et que je devrais postuler à un TEDx. Et qu’il était l’un des organisateurs du TEDx de La Rochelle et que le thème de 2016 serait justement sur la mémoire vive, l’apprentissage, la transmission.


Les TEDx, j’en avais vu quelques uns, mais je ne me sentais vraiment pas légitime. Mais, en même temps, si Thierry y croyait, alors pourquoi pas ? Et puis à La Rochelle, ça me permettait de sortir de ma zone de confort tout en limitant le risque à 1000 kilomètres de distance.

Mais entre des trucs et astuces et un TEDx, il y a bien plus que 1000 kilomètres. Quel était le sens de ces trucs et astuces ? Je ne m’étais jamais posé la question. Alors j’ai commencé à y réfléchir. A ordonner mes idées.

Fin mai, j’avais pondu un premier jet qui commençait comme ça.

« Je t'ai choisi parce que c'est gagnant-gagnant. Moi, je vais t'apporter mon expérience, et toi tu vas m'apporter tes savoir-faire et bousculer mes certitudes !"

Depuis vingt ans, je scrute des CV et je recrute des apprentis d'une vingtaine d'année. Et depuis vingt ans, je me plante. Je pense leur apporter mon expérience, et pourtant je n'arrive pas à les mettre suffisamment à l'aise pour me bousculer et m'apporter leurs acquis et leur grain de folie.

Je me dis que je suis vraiment un vieux con, plein de bonnes idées généreuses mais incapables de les mettre en pratique.

Alors, le soir, je rentre chez moi et je me prends la tête avec mes gosses. Fais-ci, fais-ça. Mais évidemment, ils n'en font rien. Même pas aider un peu en sortant et rangeant la vaisselle propre, en lançant une machine à laver leur propre linge. Bon, OK, ça s'appelle la crise d'adolescence. Rester encore un peu enfant et ne pas trop vite devenir un vieux con. En même temps, je les comprends un peu.

Du coup, j'ai réfléchi à ma relation avec mes apprentis et j'ai mis des mots sur ces barrières. Et j'ai appelé ça la crise d'adolescence professionnelle. »


Et puis j’ai retravaillé mon texte et j’ai transmis à Thierry une version pour postuler à ce fameux TEDx. Et manque de bol, ils m’ont retenu. Alors j’ai vraiment commencé à me prendre la tête.

J’ai commencé à me prendre la tête car j’ai voulu intellectualiser mon talk. J’ai commencé à faire des recherches et j’ai découvert quelques articles qui évoquaient la crise d’adolescence professionnelle. Qui citaient cette expression sans vraiment y apporter des bouts de solution. Ouf, il me restait un espace d’expression non occupé. J’ai commencé à en écrire des explications psychanalytiques puis je me suis ravisé et je suis revenu à mes expériences vécues. Et j’échangeais beaucoup avec Thierry.

Les 23 et 24 septembre, les organisateurs proposaient aux speakers un week-end de coaching. Alors j’ai pris le train et j’ai découvert d’autres speakers qui avaient été sélectionnés. Et des coaches, nombreux, qui allaient nous aider à transformer notre texte en un talk de 18 minutes max, et 12 minutes idéalement comme ils nous l’ont conseillé. Des coaches pour la voix, pour la présence scénique, pour la gestion sophrologique du moment, pour le story-telling. Et ils m’ont poussé dans mes retranchements.


Quel message voulais-je faire passer ? Comme Gilles et James et Stéphane nous l’ont matraqué, la question primordiale à laquelle il faut toujours répondre avant de se lancer dans un projet ou entamer une tâche importante, c’est : pourquoi ? Le pourquoi nous libère de l’obsession du quoi (=notre expertise) pour nous focaliser sur le comment : afin d’atteindre notre but, comment faire cette présentation, quels moyens mettre en œuvre ? Les gens n’achètent pas ce que nous faisons (le quoi) mais ce en quoi nous croyons (le pourquoi).

En discutant avec eux, j’en suis venu à comparer mes trucs et astuces avec un rituel de passage d’un permis de conduire. Un rituel qui serait le permis devenir. Puis, Stéphane, Sandrine et Hélène m’ont donné des post-it pour réorganiser mon histoire. Et l’histoire a commencé à tenir la route.


Les semaines ont passé et mes versions se sont accumulées. Pas loin d'une centaine. Et j'en testais avec ma famille, Tom, Camille, Véro. Entre temps, les lundis soir, nous avions des confcalls de relaxation avec Sylvie. Et puis je suis passé en mode talk oral à distance et par Skype avec Gilles. Et j'ai commencé à tester le talk devant des amis, Anne et Abdel. Puis je suis allé rencontrer Philippe et les organisateurs du TEDx de Strasbourg pour avoir leur avis. Et puis j’ai passé deux heures avec Adeline qui, comme d’habitude, m’a été d’une aide précieuse et positive. Et puis j’ai croisé Natacha qui m’a dit de ne pas me cacher derrière des généralités. Et puis j’ai cherché des photos pour illustrer mon talk. Et surtout pour aider les personnes « visuelles » à suivre le fil de ma pensée. Et comment j'allais parlé de Ryan, Zakaria, Benjamin et Daniel sans en dire trop ? Mais en en disant assez néanmoins ?

Et puis la semaine du 19 novembre est arrivé. Le 16, je me suis lancé et j'ai fait mon talk devant mes collègues, Isabelle et Ludo, ainsi que devant deux apprentis justement, Massi et Vincent. Et ils m'ont rassuré et donné encore deux-trois remarques que j'ai prises en compte. Le lendemain, j’ai pris le train. Cinq heures pour encore écrire et réécrire pour revenir à l’essentiel. Pour encore supprimer 300 mots. Et le 18, à J-1, on a repéré la scène et répété et bénéficié des nouveaux conseils pertinents de nos coaches, tous réunis et tous aux petits soins. Et on a fait les essais de voix le 19 au matin. Et puis l'après-midi est arrivée. Et puis. Et puis. Et bien on y était.

dimanche 18 décembre 2016

Chroniques d'un prof d'université (3)

14 décembre 2016. Chroniques d’avec des étudiants. Session 3.


Pour le premier cours de rentrée avec mes nouveaux étudiants, je leur avais fait dégager les tables et les avais réunis en U face à moi, et surtout à face à eux (voir session 1)

Pour le second cours, je leur ai dit de se mettre directement en sous-groupe de cinq ou six personnes, et pas en ligne mais autour d’une table afin de vraiment communiquer entre eux, tous ensemble (voir session 2). Sans parler de mes processus-helas-utiles que j’ai développés lors de mon TEDx en novembre dernier (voir bientôt l’un de mes prochains articles sur le sujet).

Pour ce troisième cours, je les laisse rester en 3 lignes d’adversaires face à moi : entre blancs, entre jaunes, entre garçons, entre filles… C’est nul mais je ne peux pas refaire le monde à chaque fois. Quoique, je sais que j'y reviendrais dans quelques minutes.

Après avoir abordé la stratégie d’entreprise (cours 1), j’aborde les fondamentaux du marketing en deux fois quatre heures. Je reprends mon powerpoint commencé la semaine dernière, là où je l’avais laissé faute de batterie. Plus que 65 diapos sur les 111.

Après avoir abordé le diagnostic et les objectifs, j’essaye de les sensibiliser au positionnement. Et j’insiste sur la force d’avoir et de partager une vision, d’innover, et d’anticiper… Et pour cela, je reprends une phrase que j’ai lu récemment en introduction d’un livre à paraître prochainement : « Si vous êtes fier de votre produit quand vous le lancez, c’est sans doute que vous le lancez trop tard… »

Retour en mode réflexion collective. Je leur demande de se regrouper en sous-groupes de six personnes en se souvenant de ce que je leur avais dit l’autre fois… Ouf, ça marche.

Les sous-groupes mixtes et multicolores peuvent plancher. Le sujet : rédiger la fiche de positionnement d’un projet dont la demande initiale vise à proposer un espace détente au sein de la fac de droit. Je leur laisse 10’ officiellement et 15 dans les faits.

Puis je leur demande de venir présenter leur proposition. Miracle, ils s’adressent aux autres étudiants de la classe, davantage qu’à moi. Je les félicite de ce réflexe et je leur explique que maintenant ils doivent être convaincants pour « vendre » leur positionnement.

Sur le fond, les deux sous-groupes ont des propositions très proches l’une de l’autre. Je leur explique que s’ils sont arrivés à ce résultat assez consensuel, c’est qu’ils ne se sont pas posé assez de questions en amont et qu’ils ont réfléchi en mode solution plutôt qu’en mode stratégique de positionnement. Et ça, c’est la principale erreur commise par la plupart des chefs de projets, marketing ou autre.

Je reprends ensuite mon cours sur les différents aspects du mix marketing et je développe particulièrement la stratégie de marque. Je trouve cette partie intéressante car cela me permet de les aider à se rendre compte par eux-mêmes que la stratégie de marque relève davantage de la stratégie d’entreprise que du mix-marketing communication.

Pour parler de stratégie de marque, je partage avec eux une grande partie de la conférence de Georges Lewi à laquelle j’avais eu la chance d’assister il y a quelques années. Comme il l’explique de façon très pédagogique, la promesse de la marque doit pouvoir être synthétisée sous la forme d’une histoire racontée ainsi : « Pour cette cible … … … … … … … … … … … …, dans ce secteur … … … … … … … … … … … … … … … … … , cette marque de … … … … … … … … … … … est la plus … … … … … … … … … … … … … … … … … … … et lutte le mieux contre … … … … … … … … … … … … parce que (la preuve majeure) … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … … »


Du coup, je leur demande à chacun de réfléchir à individuellement et de rédiger sa propre promesse par rapport à l’espace détente dont ils avaient écrit le positionnement dans les deux sous-groupes précédemment. Résultat : ce petit exercice leur permet de se rendre compte que si les deux sous-groupes avaient élaboré un positionnement assez proche, la promesse de marque révèle que chacun d’eux parvient beaucoup mieux à se différencier. Et que cela leur a permis de mieux cerner la problématique. CQFD : la stratégie de marque relève bien de la stratégie d’entreprise et il appartient au chef de projet marketing de bien savoir poser les bonnes questions avant de réfléchir à son plan marketing. Et que si eux ne pose pas les bonnes questions, personne ne les posera à leur place.

« La plus importante raison de frustrations et d’échecs dans les entreprises provient d’une réflexion insuffisante sur la raison d’être de l’entreprise, de sa mission. C’est aussi le grand désarroi du marketing. » Peter Drucker (1909-2005) : The Effective Executive (Harper and Row, 1967)


Pour clore ces deux cours sur les fondamentaux du marketing, je les sensibilise au passage de la réflexion au mode projet via le processus décisionnel de l’entreprise.

ISO, ISO, vous avez dit ISO ?

dimanche 11 décembre 2016

La communauté de pratique "Usine du futur"

Résumé des épisodes précédents. Depuis janvier 2016, j'ai chroniqué la vie d'une communauté d'industriels réfléchissant sur le facteur humain dans l'usine du futur.

Le groupe de travail "Le facteur humain dans l'usine du futur" initié par la CCI Alsace est suivi de près par Jean-Philippe Bootz, responsable de la chaire "Management des connaissances" qu'il anime au sein de l'École de management de Strasbourg, une chaire dont les travaux sont financés par ÉS et EDF. Explication par le principal intéressé.

"C’est mon interlocuteur d’EDF, notre partenaire de la Chaire de management des connaissances dont je suis responsable à l'EM Strasbourg Business School, qui m’a informé que la CCI Alsace était en train de monter un projet autour du facteur humain dans l’industrie du futur, auquel il participait et pour lequel il pensait que ma présence serait un «plus». Ce sujet m’intéressait parce que dans le cadre du réseau Alsace Tech, je menais déjà à une réflexion centrée sur l’usine du futur, et que le facteur humain est un sujet au centre des préoccupations de la chaire et de mes travaux de recherche.

J’ai donc pris rendez-vous avec Mireille Hahnschutz, pilote du groupe de travail Le facteur humain dans l’industrie du futur, qu'elle a initié au titre de la Chambre de Commerce et d’Industrie, qui m’a expliqué que l’objectif était de construire un lieu d’échange et de réflexion entre industriels alsaciens pour accompagner la transformation des entreprises vers l’usine du futur. Il s’agissait ainsi de créer une dynamique de partage d’expériences et de connaissances dans une structure sociale qui ressemblait furieusement à une communauté de pratique, sujet sur lequel je travaille depuis plus de dix ans. Une problématique majeure de ce courant est «comment faire pour construire une structure sociale qui va être capable de s’auto-organiser avec le temps ?». Les communautés de pratiques sont en effet au départ des structures auto-organisées qui réunissent des praticiens de manière informelle - autour de la machine à café par exemple - pour mener des échanges de bonnes pratiques, pour résoudre collectivement des problèmes ou échanger des connaissances issues de l’activité concrète.


"Cela fait quelques années que les entreprises s’emploient à développer ces communautés de pratique en leur sein et à les piloter"


Compte tenu de leur potentiel en terme d’innovation et de créativité, cela fait quelques années que les entreprises s’emploient à développer ces communautés de pratique en leur sein et à les piloter. Mais la difficulté, dans ce cadre, est de parvenir à gérer la tension entre contrôle et auto-organisation que ces structures induisent. En particulier, nous savons très peu de choses sur la manière dont on peut concrètement créer ou animer une structure qui va petit à petit s’auto-organiser.

Ce terrain offrait une opportunité d’analyser ces phénomènes de l’intérieur. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai intégré ce groupe de travail, avec une casquette un peu particulière d’expert «communauté de pratique». Il ne s’agissait pas pour moi d’être uniquement observateur, mais bien de participer activement aux activités de la communauté.

Je dois dire que cette expérience est passionnante. La communauté est vraiment en train de se développer et de s’auto-organiser. Nous en sommes aujourd’hui à un stade où les consultants qui animaient les premières réunions ne sont plus présents et où les membres se chargent eux-mêmes de l’animation et de faire vivre les sous-groupes thématiques qui se sont développés, par exemple autour de l’entreprise libérée ou du développement des compétences. En le vivant à l’intérieur, on sent que la confiance, l’engagement mutuel, le climat de confiance, qui font le ciment des communautés auto-organisées, se développent au fil des réunions.

L’aventure va continuer jusqu’au minimum mars 2017 où l’ensemble des travaux de la communauté sera présenté. Je suis certain d’avoir d’ici-là des données extrêmement riches pour produire un ou deux articles de recherche intéressants. Mais au-delà de cette perspective, l’aventure humaine et intellectuelle constitue le véritable moteur de ma participation. C’est bien la preuve que nous sommes en présence d’une communauté de pratique."



Chroniques sur le facteur humain dans l'usine du futur : Au commencement -

En savoir plus sur Jean-Philippe Bootz 
REF : Bootz J.P., « Comment concilier auto-organisation et contrôle au sein des communautés de pratique pilotées? : une scoping review », Management International, vol 19, n°3, printemps 2015.
Bootz J.P., « L’évolution du manager : un pilote de communauté de pratique entre l’expert et l’intrapreneur », Management et avenir, n° 63, juillet-aout 2013.

Le facteur humain dans l'usine du futur : histoire de chroniques

Fin 2015, j'ai été coopté par la Chambre de Commerce et d'Industrie Alsace et mon entreprise d'alors, EDF, pour faire partie d'un groupe de travail. Son but : réfléchir sur le facteur humain dans l'usine du futur.

En fait, il faut que je vous dise que notre groupe de travail n'est pas tout à fait comme les autres. Pour la CCI, il s'agissait également de créer une communauté d'industriels qui seraient coachés au début, afin de devenir autonome par la suite. Dès que j'ai eu connaissance de cet aspect des choses, je leur ai proposé d'intégrer à notre groupe de travail, un enseignant-chercheur, expert des communautés de pratique. Cette suggestion a immédiatement été validée par la CCI et l'expert concernée.

Chroniques d'une communauté d'industriels


Notre première session de travail s'est déroulée le 15 janvier 2016. Et, comme j'étais l'un des contributeurs du site Internet d'EDF en Alsace, plutôt que qu'en rédiger un article classique, j'ai décidé de relater l'expérience que je vivais en live. Au fil des sessions, mes coéquipiers en ont vite parlé en termes de chroniques, au point de me gratifier du titre de chroniqueur officiel de notre groupe de travail.

Après quelques mois, la CCI a relayé mes chroniques sur son site Internet et ils m'ont demandé de me présenter en tant que chroniqueur. Voici ce qu'ils ont publié.

Une communauté apprenante s’est mise en mouvement : d’abord réunie puis coachée, les membres du groupe de travail ont rapidement formé une communauté de pratique. Celle-ci est suivie par un expert des communautés, membre du groupe.

"Pour faire vivre notre communauté, il m’a semblé utile de raconter notre histoire, nos questionnements, notre mise en mouvement, nos constats, nos travaux en cours. Les membres du groupe m’ont du coup désigné chroniqueur officielle du Groupe de travail Facteur humain dans l’industrie du futur. C’est sympa de leur part mais j’espère surtout que ces chroniques donneront envie à des entreprises alsaciennes et d’ailleurs de trouver des premiers éléments pratiques pour entrer dans leur démarche d’entreprise humaniste, collaborative, voire libérée, un chemin nécessaire pour réussir la transformation des entreprises.

Qui suis-je ? Bernard Bloch, chargé de mission Développement durable d’EDF, notamment autour de l’innovation sociale et industrielle."

Retrouvez mes chroniques sur le facteur humain dans l'usine du futur, en commençant depuis le début...

vendredi 9 décembre 2016

Le facteur humain dans l'usine du futur (11)

Résumé des épisodes précédents. Depuis janvier 2016, j'ai chroniqué la vie d'une communauté d'industriels réfléchissant sur le facteur humain dans l'usine du futur.

Direction Sélestat où Bernard Lambert, responsable Maintenance de Wanzl, accueille cette 11ème session du groupe travaillant sur Le facteur humain dans l’usine du futur.

La dernière session de travail de 2016 s'est déroulée en décembre chez Wanzl à Sélestat. Et c’est à nouveau Mathieu Rollet, Directeur industriel de NSC Guebwiller qui anime les échanges. Après avoir rappelé les règles du jeu (suspension du jugement, liberté, bienveillance, gestion du temps…), il invite chaque responsable d'expérimentation à présenter les travaux menés dans son entreprise ainsi que les grandes idées du projet, voire des réalisations déjà mises en œuvre. 

Expérimentation chez Wolfberger


L’expérimentation en cours chez Wolfberger soulève de nombreux échanges. "Les visites d’entreprises nous ont permis de sensibiliser  la direction et d’amorcer un projet, en y affectant un budget sécurité", explique Mathieu Greffe, directeur industriel de l’entreprise. Le projet ayant pris corps, les discussions vont bon train en interne. Comme le rapporte Rabah Slimani, responsable QHSE de Wolfberger, "il faut veiller à ne pas créer de frustration. Pour demander à une responsable sécurité ou administratif de changer tel ou tel aspect, il faut des référents sécurité qui arbitrent. Ces référents sont un panel représentatif des différents métiers. Chez Wolfberger, on a mis en place ces référents, il y a un an. On a choisi de ne pas changer les règles ni la hiérarchie, mais nous avons décidé d’expérimenter des référents coaches autour de la sécurité. Sans lien hiérarchique. Leur rôle est de conseiller leurs collègues. Il a fallu expliquer au CHS-CT que nous avions besoin d’une équipe complémentaire au CHS-CT, mais davantage opérationnelle, composée des équipes-métiers concernées. On a réuni des personnes qui nous semblaient potentiellement mobilisables pour leur parler de notre projet. On a été clair, en expliquant qu’il n’y aurait pas de contrepartie financière, mais que le défi consiste à améliorer la sécurité de chacun et de tous, en les responsabilisant. C’est ensuite à moi de négocier avec leur hiérarchie pour qu’ils aient du temps pour se consacrer à cela." Une approche qui n’est pas sans rappelé celle menée chez SEW, qui avait commencé sa démarche Perfambiance par une problématique partagé par tous : la sécurité. 

Valeurs et sens 


Les échanges suivants portent sur l’axe valeurs et sens. Les réactions des participants présents ce vendredi sont, comme toujours, authentiques. Franck Keiffer, responsable RH chez Liebherr  a récemment changé de mission et recrute aujourd’hui davantage de cadres. Son constat ? "Les jeunes cadres arrivent avec des idées préconçues de l’entreprise. Ils ont l’impression d’avoir dix ans d’expérience et il est difficile de capter leur écoute pour leur expliquer comment ça marche. Par le passé, je voyais des jeunes qui venaient apprendre de la part des entreprises. Et chez les techniciens, ils ont carrément plutôt tendance à se désintéresser de leur entreprise." Un point de vue qui ne partage pas tout à fait Jean-Philippe Bootz, enseignant-chercheur à EM Strasbourg Business School. "Je vois des jeunes en Master 2 qui ont parfois trois ans d’expérience dans des entreprises où ils ont pu contribuer à des projets lourds. Et parfois, c’est vrai  qu’ils en savent effectivement bien plus que des plus jeunes embauchés par l’entreprise." Un point de vue nuancé par Georges Cierzniak, directeur technique et commercial de Spirotec. "Les jeunes doutent de leurs connaissances, mais ils ont des idées précises sur leur avenir. Ils ont pourtant la frousse de ce qu’ils ne connaissent pas. De ne pas y arriver."

Lors de cette session chez Wanzl, les participants ont également apporté leur témoignage vidéo dans ce reportage réalisé par Sébastien Ruffet (Médiamo) pour le compte d’EDF.


Un bilan après un an de travaux sur le facteur humain dans l'usine du futur 


Après quelques échanges sur d’autres ateliers, la fin de la réunion approche et Mathieu Rollet (NSC) demande à chacun d’exprimer un apprentissage que lui a apporté ce groupe de travail. 

Franck Keiffer (Liebherr) : "Au sein du groupe, les échanges sont très intéressants, très enrichissants. Pour comprendre l’amorçage de ces projets, avec Wolfberger et EDF, nous avons visité des entreprises qui sont en transformation numérique et digitale. Ces rencontres ont également nourri ma réflexion.  Aujourd’hui, il va falloir optimiser le temps que je consacre à ce groupe de travail, mais nous sommes mûrs pour aller à l’essentiel." 

Bernard Lambert (Wanzl) : "C’est de plus en plus riche. Ce qui me plaît bien, c’est de parler de résultat non abouti et de comprendre où ça a coincé. L’échange nous permet de trouver des réponses entre nous." 

Stephan Kohler (Liebherr) : "En ce moment, je contribue à la rédaction de fiches-projets des travaux de notre groupe de travail et de la fiche de l’expérimentation que nous avons entreprise chez Lieherr, et cela m’aide à synthétiser les idées et les étapes. Arrivé à ce stade, c’était nécessaire car nos échanges ont été très riches. On a vraiment un groupe d’écoute bienveillante, sans donneur de leçons. Mon attente, c’est de réussir ce projet que nous avons appelé «Nouveau débit» dans notre entreprise. Notre investissement financier sur ce projet est important et on y arrivera si on sait miser sur le facteur humain." 

Anne Boileau (Meca-service) : "Sans le facteur humain, on ne passera pas le cap de l’usine du futur. J’étais venu chercher des outils, mais ce sont surtout les échanges au sein de notre groupe de travail et les expérimentations menées par les uns et des autres qui nous enrichissent, nous confortent et nous font réfléchir. Néanmoins, le format de nos sessions de travail, étalé sur une journée, est un peu long." 

Mathieu Rollet (NSC) : "La roue des clés de la performance a structuré ma réflexion. Sinon, comme l’ont dit mes collègues du groupe, j’apprends énormément et ça me permet de me mettre en mouvement. Une journée entière par mois, c’est peut-être un peu long, mais il faut rester sur la périodicité d’un mois pour maintenir notre dynamique." 

Mathieu Greffe (Wolfberger) : "J’avais parfois du mal à trouver de l’intérêt et j’étais parfois frustré que nous ne déployions pas davantage certaines thématiques. Mais, en fait, on parle très franchement entre nous, et on n’hésite pas à évoquer nos difficultés, comme nos réussites. C’est d’autant plus appréciable et ça a vraiment fait avancer nos réflexions en interne chez Wolfberger." 

Bernard Bloch (EDF) : "On voit le groupe de travail évoluer. L’air de rien, on est en train de basculer de la co-réflexion à l’entraide. Et c’est aussi ce processus que j’essaye d’instiller au sein d’EDF et d’ÉS. J’adore retrouver les membres de ce groupe de travail car notre dynamique est vraiment collective. Et c’est justement cette dynamique que j’essaye de retranscrire dans les chroniques que je rédige : la dynamique industrielle et humaine d’un groupe en mouvement, avec ses doutes et ses espoirs, et avec son envie commune de participer activement à la transformation des entreprises de chacun des membres." 

Jean-Philippe Bootz (EM Strasbourg Business School): "Les acquis de ce groupe de travail sont devenus des outils qui favorisent les projets opérationnels des uns et des autres. Et c’est vrai que vous vous dites les choses franchement. La session d’aujourd’hui me rassure encore plus, car vous avez repris une logique d’animation et vous avez maintenant des supports sous forme de fiches d’actions et d’expérimentations, et ceci structure vos réflexions. Ce passage est obligé pour redonner une cohérence globale au groupe de travail et aux thématiques développées. Je trouve qu’en termes de résultats, c’est assez impressionnant. On voit qu’on commence à se projeter sur des projets concrets." 

Mireille Hahnschutz (CCI) : "On pourrait réfléchir à consacrer des temps plus longs pour approfondir tel ou tel sujet. Ou telle thématique ou expérimentation en cours." 

"La communauté de pratique a-t-elle toujours besoin d’un animateur ?" 


Mathieu Greffe (Wolfberger) : "On fait vivre nos sous-groupes en toute autonomie. Par contre, en groupe, il  nous faut un animateur, mais on peut assouplir leur fonctionnement." 

Mireille Hahnschutz (CCI) : "Un enjeu important était de passer le cap des quatre premières réunions où deux coaches ont animé le  groupe de travail pour impulser la dynamique et transmettre des outils d’animation. Mais passées ces étapes de sessions accompagnées, l’enjeu consistait à voir justement si le groupe de travail avait la capacité de continuer ou pas et, si oui, de s’autogérer. J’avoue que j’ai eu une période de doute quand le groupe a oublié de s’auto-animer, mais il en a ressenti le besoin et, depuis qu’un des membres assure l’animation, le groupe a retrouvé sa dynamique intrinsèque." 

Rabah Slimani (Wolfberger) : "Je suis là depuis trois sessions. Après la première, j’étais perdu. Aujourd’hui, j’aimerais participer à tous les sous-groupes de travail, mais ce n’est pas malheureusement pas possible. Les thématiques que nous abordons sont vraiment d’actualité et ce sont celles qu’on lit effectivement dans la presse économique et sociale. Concernant la thématique Rémunération, je parlerais plutôt de rétributions et de qualité de vie au travail." 

Mireille Hahnschutz (CCI) : "Je connais effectivement beaucoup d’entreprises qui veulent vraiment bosser sur l’environnement de travail, davantage que sur les rémunérations."

Après ces échanges, les participants présents ont retenu le principe suivant : ils continueront à se retrouver une fois par mois, mais à raison d’une demi-journée, et toujours le vendredi après-midi. De plus, le groupe fonctionnera avec un animateur auto-désigné et un programme offrant davantage de souplesse pour favoriser les échanges et l’approfondissement de questions plus pointues, à mesure que l’on analysera dans le dur les expérimentations autour du facteur humain menées par les participants au sein de leur entreprise qui se transforment en usine du futur, petits pas par petits pas.

A noter que l’état des lieux des réflexions et projets sur l’usine du futur, récemment réalisé par l’Alliance Industrie du futur, le confirme : ce groupe de travail est le seul en France à réfléchir sur l’axe Facteur humain. Assurément une motivation supplémentaire pour tous les participants. S’il en était besoin.

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mercredi 7 décembre 2016

Chroniques d'un prof d'université (2)

7 décembre 2016. Ce matin, retrouvailles avec les étudiants. Session 2. Chronique.


Bonjour, Nǐ hǎo

Un entraîneur prend soin de varier les exercices et la forme des entraînements. Pour le premier cours, je leur avais demandé de virer les tables et de venir s'asseoir à l'avant de la classe en disposant les chaises en U. Ce matin, je leur ai demandé de se réunir en deux sous-groupes de six personnes.

Premier constat : cinq garçons et une fille dans l'un, l'inverse dans l'autre.
Deuxième constat : cinq Européens et une Malgache dans l'un, cinq Chinoises et un Camerounais dans l'autre.
Du coup, je leur demande si rien ne les perturbe ? Là, je les sens moins fiers. Du coup, j'insiste en leur demandant s'ils veulent vraiment construire un mur pour être vraiment sûrs de ne pas se mélanger entre eux ? Alors deux gars se lèvent et échangent leurs places avec deux filles.

Le cours peut commencer.

Premier exercice : imaginez une soirée chez l'un d'entre eux.
Comme par hasard, leurs idées fusent entre Wurscht et Sushis q;-)
Après cinq minutes, je les interromps et je leur demande : Quelle est la question que je vous ai posée ? Leurs réponses montrent des écarts de compréhension entre eux.
Du coup, je leur demande individuellement d'écrire une reformulation de la question par un lipogramme en N.
Là, leurs réponses leur permettent de dessiner un début d'objectif qu'ils approuvent par consentement.
Je leur explique que le plus important est la question. Souvent une personne vous demande quelque chose et vous vous exécutez. Même en vous rendant compte qu'il vous manque finalement des infos et que vous avez certains doutes sur votre compréhension de la demande. Savoir poser les bonnes questions et comparer les compréhensions individuelles aide à définir un objectif commun, partagé entre tous. Un objectif vague se traduira par une vague action. Un objectif précis libérera les énergies des contributeurs.

J'ai ensuite commencé mon cours sur les fondamentaux du marketing.

Trois préambule : comprendre les besoins (Maslow), comprendre les différences générationnelles, comprendre la sérendipité.

Puis la partie diagnostic et notamment la segmentation du marché.

J’aborde ensuite la question des enjeux et des objectifs, deux notions souvent confondues et pourtant essentielles à différencier.

Puis exercice de groupe pour les forcer à être cohérent et à raisonner dans le bon ordre : enjeu, objectif marketing, objectif communication. Pour cela, je les fais bosser dans leurs deux sous-groupe et de venir présenter leurs travaux devant les autres. J’insiste en leur disant d’essayer d’être convaincants car, dans six mois, ils seront sur le marché de l’emploi et devront affirmer leur personnalité.

Puis mon PC s’éteint, faute de batterie. Pas grave, je leur propose un exercice pour leur faire comprendre les différences de fonctionnement entre chacun de nous. Je leur demande de réfléchir sur deux cas.
1/ Vous partez le 20 janvier en vacances durant trois semaines au soleil, un lieu où vous étiez déjà l’an dernier. Expliquez-moi quand et comment vous préparerez vos bagages.
2/ Vous devez faire vos courses samedi. Comment les ferez-vous et préparez-vous ce moment ?
Les premiers expliquent ensuite leurs méthodes et je leur demande de se regrouper par typologie de fonctionnement. Résultat des courses : des fonctionnements bien différents. Je leur demande simplement de se rendre compte que lorsqu’ils essaieront de convaincre quelqu’un, il y a très peu de chance que leur interlocuteur fonctionne comme eux. ET que ce sera à eux de trouver les codes pour se faire comprendre. Humilité devant les faits. Ce n’est jamais l’autre qui ne comprend pas, c’est toujours à vous de trouver la bonne méthode adaptée à votre interlocuteur.

Suite semaine pro.